Raisonneuse?
Je suppose ne pas être la seule à dresser des bilans de mes journées. Il s'agit d'un processus continu et bien involontaire (je préfèrerais pouvoir profiter de chaque instant sans le jauger d'un œil critique et presque calculateur). Chaque événement, parole, pensée ou même image captée du coin de l'œil, participe à la mise à jour de mon « sentiment de la journée ».
Le plus étrange -à mon sens- dans cette dynamique, réside dans la hiérarchie qui la préside.
Je suis incapable de savoir ce qui va peser sur le choix « bonne ou mauvaise journée? ».
Certains jours chaque action exécutée est parfaite et chaque réaction optimale. Et malgré cela une seule phrase contenant une possibilité d'interprétation troublante peut endeuiller notre humeur. Alors qu'au contraire, un mot, sans aucune importance, peut l'ensoleiller.
Les lignes précédentes peuvent se résumer en « on donne une importance disproportionnée à certains évènements ». Soit. Mais on considère généralement que le passage du temps change cette hiérarchie instantanée. Par un miracle de la raison humaine surpuissante toutes les choses censées être « importantes » le redeviendraient après avoir été -injustement- sous-estimées.
Mais:
Je me souviens que vendredi un ami a pensé à me parler d'un événement qu'il pensait pouvoir m'intéresser.
Je me souviens que le premier jour de troisième année de fac J. a demandé si ma grand-mère enverrait des bredele cette année. Ce fut sa deuxième phrase de l'année pour moi (après « Comment tu vas?) et ça m'a fait plaisir.
Je me souviens que le soir de la fête « fin-du-bac » une camarade m'a serré dans ses bras. Nous ne nous étions jamais beaucoup parlé alors que je l'appréciais beaucoup.
Ma raison, fort heureusement, n'est pas raisonnée.
Toutefois elle raisonne très bien sur certains points. Par exemple quand mon frigo contient de la crème fraiche et que deux pommes un brin farineuses s'ennuient sur ma table. Une lumière dans ma tête clignote alors pour me rappeler l'existence de la recette du Suave au chocolat de Valrhona.
Un gâteau extrêmement fondant (mousseux aussi mais surtout le premier jour) qui allie le chocolat, les pommes et le miel. La recette originale contient également des noisettes mais je me suis vu obligée de les omettre pour cause de paresse à l'idée d'aller en acheter.
(La recette étant encore plus goûteuse avec des noisettes, n'hésitez pas si vos placards en contiennent).
Pour un moule de 22cm
(ou de petits moules à muffins mais il faut alors moins de pommes)
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250g de chocolat noir
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150g de crème liquide (même allégée)
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3 oeufs clarifiés ( = blancs et jaunes séparés)
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1 càs de Maïzena
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50g de miel
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3 pommes
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(100g de noisettes)
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(sucre glace et cannelle : fac)
Rapport difficulté/plaisir à peine supérieur à celui de croquer dans une tablette
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Pelez et coupez les pommes en dés
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Faites fondre le chocolat dans la crème
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Hors-feu, ajoutez les jaunes un à un en fouettant
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Ajoutez la Maïzena en mélangeant bien pour évitez les grumeaux
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Montez les blancs en neige avec le miel (on obtient une neige souple)
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détendez la préparation au chocolat avec 1 càs de blancs en neige
Ajoutez le reste délicatement à la maryse
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Beurrez e farinez le moule (ou utilisez des caissettes en papier pour les moules à muffins)
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Versez la pâte dans le moule. Répartissez les dés de pommes (et les noisettes).
(Saupoudrez éventuellement de sucre glace et de cannelle)
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Faites cuire 25 à 30 min à 180°C (15 min pour des petits)
La seule étape difficile est le démoulage: il vaut mieux être équipé d'un moule à charnière. Sinon je conseille, ce que j'ai fait, de tapisser le fond du moule de papier sulfurisé (beurré-fariné aussi)