750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les mots d'essence
19 mai 2011

La princesse chez les bureaucrates (ceci n'est pas un conte)

 

Je lisais dans le tram, le Courrier International, de façon peu attentive car j'étais tout à ma joie d'avoir fini les partiels.

Et surtout, j'observais une superbe jeune femme, mince mais sans être maigre, très grande, longiligne comme on imagine que serait une gazelle réincarnée en humaine. Elle avait un visage extrêmement fin et précis, des traits sans ambiguïtés et; abstraction faite de ses vêtements, elle était l'incarnation d'une princesse des mille et une nuit.

Et puis, d'un coup, je ne l'ai plus vu. Je ne sais pas si j'ai cligné des yeux, détourné le regard ou eu une absence mais en un instant elle a disparu. J'ai mis quelques instants à la retrouver et encore, uniquement en suivant les regards des autres passagers.

Effondrée au sol, les yeux fermés, elle convulsait de façon effrayante, les bras et jambes tressautant, le bassin en l'air. Comme si un être terrifiant l'avait saisi par les hanche pour l'agiter comme une poupée de chiffons.

Ce qui était véritablement effrayant c'était ses yeux fermés et les mouvements saccadés et irréalistes: je ne vois comment vous expliquer mais ses mouvements étaient effrayants car éloignés en tout point de mouvement volontaires. Une perte de contrôle absolue.

 

Mes voisins ont eu un bon réflexe: plusieurs se sont précipités pour la maintenir afin qu'elle ne se blesse pas et une autre appuyait frénétiquement sur le bouton d'alerte. A l'arrêt le tram s'arrête donc, alors qu'un autre est en train d'appeler les pompiers. Une étudiante en médecine s'est approchée de la princesse frêle et lui maintient la tête de côté.

Mais les pompiers ne sont pas arrivés, pas de suite. Après un quart d'heure, les autres commencent à faire remarquer que le bâtiment à côté est une clinique. Après hésitation, voyant que rien ne bouge, je pars vers le bâtiment et demande à deux personnes sortant si elles sont médecins: elles me conseillent de m'adresser à l'accueil. Là, la secrétaire, après un certain temps, accepte (vraiment, on aurait dit que c'était pour moi, pour que je parte, appelle un médecin. Elle m'explique qu'il refuse de venir car « ne font pas les urgences ». Je lui explique qu'on voudrait juste un médecin pour regarder, au cas-où...

Un vigile, seul individu de cette satané clinique à s'inquiéter vraiment en apprenant que la jeune fille convulse, inconsciente, part à la recherche d'un médecin.

Celui-ci arrive, me dit qu'il n'a pas l'habilitation pour exercer à l'extérieur, qu'il ne peut pas prendre la responsabilité. Mais pas inquiet, non: froid. Il s'en moquait vraiment, je crois.

Voilà. Donc le système fait que les individus ont plus peur du règlement qu'ils ne trouvent les autres importants.

(Les pompiers sont finalement arrivés)

Je préfère ne pas mettre de recette aujourd'hui. Cela pourrait laisser croire que mes propos n'ont que peu d'importance.

Publicité
Publicité
Commentaires
R
J'avour que je me suis fait exactement la même réflexion...avec Dr House!
R
Olalala, c'est terrible ton récit ... : ( <br /> J'espère que tout s'est bien passé pour elle, qu'elle a bien été prise en charge. <br /> <br /> Bientôt, on va nous répondre "Mais on est pas dans Grey's Anatomy ma petite dame !"
Publicité
Publicité